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Le tourisme viticole en France connaît un réel développement depuis moins d’une dizaine d’années. Alors qu’en Espagne, au Portugal et en Italie ce tourisme existe depuis plus longtemps ; l’Italie, par exemple, a créé un observatoire de l’œnotourisme en 1999. Les pays du nouveau monde ont, quant à eux, gagné du terrain en utilisant des méthodes industrielles et un marketing efficace pour développer l’œnotourisme chez eux.

Peu à peu, la France comble son retard. La filière viti-vinicole a pris conscience des multiples avantages de l’œnotourisme : augmentation des ventes en direct à la propriété, diversification des sources de revenus grâce à la consommation de produits liés à l’hébergement et la restauration par exemple.

En Bourgogne, parmi les grands axes de développement économique, l’œnotourisme est  important en raison de l’activité viticole très présente et ancrée dans la géographie et l’histoire de la région. L’inscription récente des climats au patrimoine mondial de l’UNESCO devrait permettre le développement du tourisme lié au vin.

 

 

Les données chiffrées

 

Il nous a été difficile de trouver des données chiffrées se rapportant uniquement à l’économie œnotouristique et plus encore concernant uniquement la Bourgogne.

Il existe en Bourgogne 3949 domaines viticoles, 300 maisons de négoces et 17 caves coopératives. Ces entreprises commercialisent 193 millions de bouteilles de vin dont 48% à 52% sont exportées. Le chiffre d’affaires estimé est de 1,5 milliards d’euros. La Bourgogne représente 3% des échanges mondiaux de vin en valeur (moyenne 2008- 2012). La viticulture représente 2% des surfaces exploitées en Bourgogne et 3,5% du PIB de celle-ci.

Cela génère 45 200 emplois directs et indirects, soit 7% de l’emploi total en Bourgogne, et

100 000 emplois si l’on compte la restauration, le tourisme et autres activités liés a l’œnotourisme.

 

A travers ces chiffres, on peut voir que cette filière est importante pour le maintien de l’activité et de l’emploi de la région.

 

Dans le graphique ci-dessous, qui présente la moyenne des dépenses touristiques liées au vin en Bourgogne, on se rend compte que l’œnotourisme est non seulement profitable pour les différents acteurs locaux (commerces, hôtels, gîtes, restaurants…) mais également aux viticulteurs à travers la vente de vin en circuit court.

 

Nous pouvons remarquer que la vente en circuit court permet de dégager une marge plus importante par bouteille du fait qu’il n’y a pas d’intermédiaire. Cela permet également de diversifier les segments de clientèles et donc de limiter les risques liés à la vente à un seul type de clientèle (export, particuliers, professionnels : hôtels, restaurants, cafés, GMS : Grande et Moyenne Surface) en cas de mauvaise conjoncture sur l’un de ces segments ou de changements structurels de la demande.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce graphique permet de constater que la dépense totale par personne s’élève à 228€ en ce qui concerne les dépenses liées au vin. 91% des touristes en Bourgogne ne passent pas par un intermédiaire touristique tel que les tours opérateurs et les agences de voyages et les autocaristes. Ainsi 38% des touristes étrangers déclarent que la vigne et le vin sont des facteurs déterminants de leur venue en Bourgogne. L’œnotourisme est bien présent en Bourgogne comme en témoigne le large choix d’activités proposées. Ce tourisme implique de nombreux acteurs et voit naître des initiatives innovantes. De plus le budget destiné au vin est conséquent car le vin est une motivation importante pour les touristes qui viennent dans la région. Ce tourisme est une partie intégrante de la dynamique régionale.

 

Une étude du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne estime que 26% des producteurs de vins qui ont investi dans l’œnotourisme ont conquis une nouvelle clientèle, 29% ont développé leur chiffre d’affaires et 23% ont gagné en notoriété.

 

 

 

La situation actuelle

 

Au vu des données chiffrées nous constatons que l’œnotourisme est un pôle important pour l’économie de la Bourgogne. Comme c’est un secteur qui est apparu il y a une dizaine d’années, donc récemment, il existe un potentiel de croissance qui nécessite la mise en place de mesures afin de l’exploiter. Nous allons d’abord faire un état de la situation actuelle en analysant les forces et faiblesses de la Bourgogne en ce qui concerne l’œnotourisme. Ensuite nous analyserons les opportunités et menaces de ce marché. Et nous en tirerons les stratégies possibles comme potentialités pour son avenir.



 

FORCES

 

Au niveau de l’offre :

 

-Inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis juillet 2015 des climats du vignoble de Bourgogne.

 

-Un patrimoine historique de qualité.

 

-Une bonne accessibilité routière et ferroviaire et une situation géographique favorable, (entre Paris et Lyon) au tourisme de passage .

 

-La Route des Grands Crus qui offre sur un tracé linéaire des paysages et ambiances différents, une renommée et des appellations prestigieuses.

 

-Une offre d’hébergement présente sur l’ensemble du tracé et adaptée à tous les budgets





FAIBLESSES
 

Au niveau de la demande :

 

-La notoriété des vins de Bourgogne

 

-la demande des touristes pour visiter la Bourgogne

Au niveau de l’offre :

 

-Au niveau de l’œnotourisme il n’existe pas encore d’événement d’envergure nationale ou internationale excepté la vente des Hospices de Beaune qui, seule, a une notoriété et des retombées internationales.

 

-La concurrence internationale forte

 

-Exploitations de petites tailles de 5 à 6 hectares en moyenne qui n’ont pas les moyens de développer une réelle expertise en tourisme.

 

-La difficulté de mobiliser toute la filière autour d’un discours collectif et fédérateur.

 

-Peu de services touristiques développés : difficulté de trouver des viticulteurs qui proposent des visites de caves et peu d’ouvertures le dimanche alors que beaucoup de touristes viennent ou sont présents le week-end.

 

- la complexité de l’offre du fait de multiples appellations alors qu’il n’y a que deux cépages principaux (Pinot noir et Chardonnay) peut rebuter certains œnotouristes ou au contraire en attirer d’autres, auquel cas elle constitue une force

 

Au niveau de la demande :

 

-La difficulté de cibler une clientèle principalement individuelle et très diverse quant à leur pays de provenance et leurs attentes

 

 

Pour pallier certaines faiblesses, des initiatives se mettent en place. Par exemple, pour faire face à la petite taille des domaines, les propriétaires de 44 domaines de Mercurey ont mis en place un caveau « Le Caveau Divin Mercurey » (que nous avons eu l’occasion de visiter), qui permet aux touristes d’acheter une carte qui leur donne la possibilité de déguster 64 vins de divers domaines de Mercurey. Cela permet de valoriser, de faire découvrir l’appellation Mercurey et de donner la possibilité aux touristes de goûter des vins de plusieurs domaines au même endroit tout en limitant le temps passé par les viticulteurs à l’accueil des touristes. Mais il s’agit d’initiatives locales.

Nous allons maintenant présenter les projets au niveau régional et national qui constituent des opportunités pour développer l’œnotourisme et quelles sont également les menaces.

 

L’avenir de l’économie œnotouristique

 

De nombreux projets liés à l’œnotourisme sont en cours. Par exemple, au niveau national, Laurent Fabius a décrété en 2015 que l’œnotourisme serait un des pôles d’excellence Français.

 

Cinq pôles d’excellence pour renouveler l’image touristique de la France

 

Date du compte-rendu: 

15/01/2016

 

A l’issue des Assises du tourisme, le Ministre des affaires étrangères a annoncé la mise en place de cinq pôles d’excellence touristique. Ces pôles doivent permettre de renouveler et d’adapter l’offre touristique française aux évolutions des attentes des touristes, sur des thèmes porteurs sur lesquels la France peut développer et mieux valoriser son offre. Les produits ciblés par les pôles d’excellence touristique : œnotourisme, écotourisme, tourisme de savoir-faire, tourisme de montagne en été, tourisme nocturne. Sur chacune de ces thématiques, un professionnel reconnu a été choisi pour animer la démarche. Pourquoi des pôles d’excellence touristique ? Pour rassembler les professionnels concernés par chaque thématique : au total, près de 200 professionnels auditionnés par les fédérateurs des pôles et les services du MAEDI. Pour identifier collectivement des actions à mener pour développer leurs offres et promouvoir leurs produits à l’international… et donc inciter les touristes internationaux à prolonger leur séjour et à découvrir l’ensemble de notre territoire. Des propositions concrètes identifiées sur chaque thème : les propositions d’action identifiées dans le cadre des auditions sont intégrées dans une feuille de route visant à développer et promouvoir le ou les produits touristiques concerné(s).

 

 

Au niveau régional deux projets d’envergure ont été décidés et sont en cours de réalisation : la Cité de la Gastronomie à Dijon et la Cité des Vins de Bourgogne à Beaune qui doivent ouvrir en 2018. Ces projets constituent des opportunités pour le développement de l’œnotourisme en Bourgogne mais il existe également des menaces.

 

OPPORTUNITES

-La Cité de la Gastronomie à Dijon  (ouverture prévue fin 2018), dont la thématique pour Dijon devra valoriser et promouvoir la culture de la vigne et du vin.

-Le projet Cité des vins de Bourgogne à Beaune, ouverture prévue en 2018.

-La célébration des 80 ans de la Route des Grands Crus en 2017.

-Le développement au national du label « Vignobles et découvertes » permettra une communication plus importante sur l’offre œnotouristique dans son ensemble.

-De nouvelles clientèles à capter : les asiatiques, les femmes, etc.

-Oenotourisme devenu un pôle d’excellence français.

-Laurent Fabius a lancé le 9 février 2016 un site bilingue anglais-français www.visitfrenchwine.com, qui permet de naviguer entre différentes offres de séjours dans les vignobles, de consulter des fiches d’identité des grandes régions viticoles ou des portraits de vignerons.

 

MENACES

-La concurrence en France : l’inscription des Paysages du Champagne au patrimoine mondial de l’UNESCO et l’ouverture en mai 2016 de la Cité des civilisations du vin à Bordeaux, pouvant capter une part importante des touristes intéressés par le vin.

-Une concurrence internationale importante : l’œnotourisme prend de l’avance dans d’autres régions du monde comme la Toscane, le Portugal, etc.

-Un climat difficile ces dernières années qui se répercute sur les productions et les prix.

 

 

L’œnotourisme est non seulement profitable à l’économie du vin mais également à celle de nombreux autres acteurs de la région Bourguignonne tels que la restauration, l’hôtellerie, les musées et les produits touristiques associés (cyclo-tour, tourisme fluvial, etc.).

Face à la concurrence nationale et internationale qui sont les principales menaces du développement de l’œnotourisme en Bourgogne, il est important de trouver et mettre en œuvre des idées originales et d’apporter une valeur ajoutée qui corresponde aux attentes des différents segments de clientèles. Pour exister, l’œnotourisme en Bourgogne doit se différencier des autres régions viticoles et mettre en valeur ses particularités plutôt que d’essayer de leur ressembler.

La Bourgogne est caractérisée par la taille réduite de ses domaines viticoles, des prix élevés reflétant des vins de qualité et une notoriété ancienne et internationale, telle que celle des Hospices de Beaune et du Domaine de la Romanée-Conti, mais qui reste à développer. Un des enjeux est d’attirer une clientèle plus nombreuse bénéficiant d’un pouvoir d’achat élevé.

Les domaines ne peuvent pas seuls mettre en place et développer l’offre adéquate. Cela ne peut se faire qu’au niveau départemental, régional ou national afin de fédérer l’ensemble des acteurs et d’être en mesure de mobiliser les ressources appropriées pour agir : développement de la communication, actions de formations (langues, accueil, activités touristiques périphériques, animation), prospection. Des mesures sont déjà prises, notamment la Cité des Vins de Bourgogne à Beaune (investissement de 15 millions d’euros) qui sera l’une des portes d’entrée de la Bourgogne et qui a pour objectif d’éduquer les touristes aux spécificités du vin de Bourgogne, de les orienter pour l’hébergement et la visite de domaines. De plus, l’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO offre une meilleure visibilité aux domaines principalement à l’international et une opportunité pour attirer de nouveaux segments de clientèles tels que les pays émergents.

En conclusion, il existe de réelles opportunités pour que l’œnotourisme contribue au développement de l’économie en Bourgogne.
 

 

 

Conséquences sur l'économie vinicole : 

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